Les freins à disque

Cela fait longtemps que j’ai envie de faire cet article mais que je ne trouve pas le temps. On voit trop souvent arriver en atelier des feins à disque dégradés par des utilisateurs qui pense savoir faire… La méconnaissance entourant les freins à disque est grande et pourtant leur entretien courant n’est pas si compliqué. Il est grand temps de faire quelque chose !
Les freins à disque sont une amélioration considérable dans le monde du vélo. Bien qu’ils existent depuis quelques décennies, leur arrivée sur les vélos entrée et milieu de gamme est assez récente (5 à 10 ans). Il existe plusieurs catégories et sous catégories dont on va vous parler ici. L’idée n’est pas de faire un tuto pour apprendre à purger des freins, il y a déjà des vidéos pour ça (liens en bas de la page), mais plutôt de pouvoir identifier quel type de frein vous avez sur votre vélo et quel entretien doit être fait.

Freins à disque : avantages et inconvénients

Les 3 principaux avantages des freins à disque sont :

  • La régularité du freinage quelle que soit la météo. Le disque est ajouré et il chauffe quand on freine, du coup il évacue très rapidement l’eau. Cela assure un freinage qualitatif même quand il pleut.
  • La durabilité des consommables. Les plaquettes de frein sont fabriquées dans un matériau dur qui s’use en moyenne 4 fois moins vite que des patins de frein en caoutchouc. L’intérêt est très marqué sur les vélos à assistance électriques, qui ont tendance à user rapidement les consommables. Avec des V-brakes, vous aller faire 500 à 1000km avant de devoir les remplacer tandis qu’avec des plaquettes de frein à disque vous tiendrez 2000 à 4000 km. (ces valeurs sont des moyennes constatées dans notre atelier, pour un usage urbain, avec le relief brestois)
  • La faible fréquence de l’entretien. Cela est surtout vrai pour les freins à disque hydraulique à l’huile minérale, qui sont les plus courant (Shimano, Tektro, Magura…). En effet, d’une part les plaquettes s’usent moins vite, mais aussi elles se resserrent toutes seules au fur et à mesure qu’elles s’usent. Donc il n’y a rien à faire comme entretien, jusqu’à ce que les plaquettes soient usées. Après on écarte les pistons, on remplace les vieilles plaquettes par des neuves et ça repart pour 2000km minimum.
  • Quelques autres avantages secondaires :
    • On peut rouler avec une roue voilée tout en gardant un freinage correct
    • Le freinage n’use pas la jante, donc on garde ses roues plus longtemps.
    • on peut modifier la taille des roues du vélo (passer de 28″ à 27,5″ par exemple pour monter des pneus plus gros)

Voici quelques inconvénients liés aux freins à disque :

  • Si le vélo n’en est pas équipé, on ne peut généralement pas les installer. C’est tout de même un problème, car ces freins ont beau avoir pleins d’avantages, vous devrez généralement changer de vélo pour en être équipé. Certaines marques proposent des vélos en freins à patins avec les supports de freins à disque sur le cadre, dans ce cas, l’installation est possible mais elle demande toute de même de remplacer les roues, qui n’ont pas le support pour le disque. Le budget dépasse alors les 400€, donc on le fait très rarement.
  • Un vélo en frein à disque revient un peu plus cher qu’en freins à patins. Il faut des roues adaptées, ainsi que des disques de frein et les frein à disque sont un peu plus cher que ceux à patins. Cet inconvénient n’est que temporaire car l’investissement initial sera amorti sur la durée.
  • Le principal inconvénient des freins à disque restent qu’ils sont « nouveaux » et qu’il faut donc apprendre à les entretenir. Du coup l’entretien parait plus compliqué que pour les freins à patins. Et c’est vrai qu’il y a des choses à savoir et qu’un mauvaise entretien peut couter cher, mais en soit, ce n’est pas plus compliqué que de changer des patins de freins.

Différents modèles de frein à disque

Il y a 2 grandes catégories de freins à disque et de multiples sous catégories :

  • Les freins à disque mécanique (actionnés par un câble de frein)
    • Freins à plaquette droite fixe (les plus courants en mécanique)
    • Freins à double plaquettes mobiles
    • Freins hybrides hydro/méca
  • Les freins à disque hydraulique
    • Freins à l’huile minérale (les plus courant en hydraulique)
    • Freins au DOT

Chaque sous type de frein à disque demande un entretien spécifique. Nous allons détailler ce qu’il faut faire et ne pas faire avec vos freins. Une constante reste :

On ne met jamais d’huile ou de dégrippant sur des disques !

C’est quelque chose que l’on a régulièrement en réparation : « ça faisait du bruit alors j’ai mis du dégrippant ». Du coup, on doit démonter les disques pour les dégraisser à fond et remplacer les plaquettes qui se sont imbibées d’huile…

Les freins à disque mécanique à plaquette fixe

Présentation des différents qualités

On les retrouve majoritairement sur les vélos avec frein à disque d’entrée de gamme, mais tous les modèles ne se valent pas du tout !

D’un côté il y a les premier prix, avec des marque dont on n’a jamais entendu le nom qui vont équiper les vélos de supermarché ou d’internet (Velobecane/toplife/hitway/surpass…). D’une part ces freins là sont de très mauvaise qualité, mais en plus ils ne tombent pas toujours parfaitement à la bonne hauteur donc il n’y a que la moitié de la plaquette qui touche le disque… On peut remplacer ces étriers par des plus qualitatifs ou passer directement sur un frein hydraulique : C’est ce que l’on propose généralement quand on a ces vélos en moteur roue arrière à réviser.

Après, il y a les avid BB5 ou BB7 qui sont corrects et le shimano BR-M375 qui est très correct.

Petite aparté : On voit sur le BB5 juste au dessus, qu’il y a des rondelles type Vbrake entre l’adaptateur et l’étrier. Cela permet de mettre l’étrier bien parallèle au disque, ce qui est une bonne chose. Mais plus il y a de réglages possibles, plus c’est difficile à régler. Un vélo dont le cadre est juste, n’a pas besoin de ces rondelles, car le disque est naturellement parallèle au cadre !

Enfin, il existe des modèles de frein à disque en plaquette fixe, très haut de gamme, par exemple les Paul components (fabriqué aux USA) ou Growtac (fabriqués au Japon et distribués en France par Victoire Cycles). Je ne peux pas en dire grand chose car je ne les ai jamais testé, sinon qu’il s’agit de pièces semi-artisanales un peu hors de prix

Réglage et entretien des freins à plaquette fixe

Pour présenter les différents éléments, on va se baser sur le frein Shimano BR-M375. C’est celui que l’on préfère dans cette gamme, car il est très fiable et qu’il freine relativement bien. Il est proposé à 42€ à l’atelier, plaquettes incluses. Un des avantages est qu’il utilise les mêmes plaquettes que les freins hydraulique d’entrée de gamme de Shimano et Tektro, donc ces plaquettes, les B05S-RX, sont les plus répandues et on les trouve partout à un prix raisonnable (10€ la paire chez Les Vélos Brestois).

L’idée à retenir quand on a un frein mécanique d’entrée de gamme, c’est qu’il faut régulièrement rapprocher la plaquette fixe du disque car elle « s’éloigne » au fur et à mesure que la plaquette s’use. On utilise donc un clé allen assez longue (généralement 5mm mais parfois 3 ou 4mm). On la passe depuis la droite du vélo dans l’empreinte prévue sur la droite de l’étrier et on serre jusqu’à ce que la plaquette droite effleure le disque. Parfois il peut être également nécessaire de décaler l’étrier vers la droite pour limiter la course du câble.

Réglage des autres types de freins

Les autres systèmes de freins demandent un entretien moins fréquent, mais quand il faut le faire, c’est plus compliqué ! Je ne vais donc pas en parler ici car c’est difficile à expliquer avec du texte et des photos et sinon je ne terminerai jamais cet article que j’ai commencé à rédiger en mai !

Retenez une chose : Si vous ne savez pas faire, cela revient moins cher d’aller chez un professionnel pour faire entretenir votre vélo que de l’abimer en faisant mal l’entretien puis d’aller chez un professionnel pour lui demander de réparer ce que vous venez de casser !

Pour les plus aguerris, vous trouverez ci-dessous quelques tutos vidéo pour faire les purges de vos freins. Ce n’est pas quelque chose de facile, mais heureusement il ne faut pas le faire souvent, sauf pour les freins au DOT. Encore une fois, si vous ne vous sentez pas de la faire, il y a des professionnels qui font ça très bien !

Et si vous voulez absolument apprendre à purger vos freins, on pourra le faire lors d’un cours de mécanique avancée. Pour l’entretien des autres types de frein, c’est quelque chose que l’on voit lors de l’initiation à la mécanique vélo.

Tutos vidéos pour purger différents modèles de frein

  • Freins VTT Shimano (les plus répandus) => Huile minérale = à purger très occasionnellement.
    Tuto réalisé par la chaine « Bleau up » très qualitative pour tout ce qui concerne le VTT : Installation des composants et tuto de réparations divers…
  • Purge de freins VTT Sram/avid => DOT = à faire tous les 2 ans minimum car le liquide de frein se dégrade avec le temps.
    Encore Bleau Up : C’est un peu plus technique, il faut 2 seringues et c’est à faire régulièrement. C’est pour ça qu’on a tendance à réserver les freins au DOT pour la compétition. Les freins Hope sont d’excellent freins par exemple. Malheureusement SRAM installe des freins au DOT sur tout sa gamme, donc entretien obligatoire, même en loisir !
  • Freins route/gravel Shimano pour les gravel en GRX et les vélo de route haut de gamme
    Tuto réalisé par la chaîne GCN en français – pour les anglophones, il y a aussi la chaine GCN première du nom. Les deux chaines GCN sont excellentes pour tout ce qui concerne les vélos de route et gravel (tests, comparatifs, explication…)
Première version avec réservoir et adaptateur
Deuxième version pour les freins les plus récents, avec 2 seringues (mais ça doit fonctionner avec le réservoir aussi !)
  • Frein hydro-méca TRP HY/RD

On les trouve principalement sur les vélos route et gravel milieu de gamme. Entre les freins mécaniques et les freins hydrauliques.

Sur le principe, ces freins sont très bien, car il y a un câble qui transmet « le signal » et ensuite un frein hydraulique qui freine. Donc on a l’avantage de la réparabilité du mécanique, en cas de chute : juste un câble et/ou une gaine à remplacer (pas de fuite d’huile) et la puissance du frein hydraulique.

Dans la pratique, ces freins ont du mal à user les plaquettes jusqu’au bout : Arrivé à mi usure, il n’y a plus assez d’huile dans le réservoir et ça ne freine plus. Il faut donc changer les plaquettes plus souvent ou bricoler des cales à rajouter entre les plaquettes et les pistons mais c’est du boulot. Parfois, on se retrouve à remplacer ces freins « haut de gamme » par des shimano BR-M375 et les clients sont plutôt satisfaits !

Toutefois, parfois en faisant une purge on arrive à améliorer la qualité du freinage (mais ça ne marche pas à tous les coups, et c’est un peu de boulot !)

C’est tout pour ce très long article, félicitations si vous êtes arrivé jusqu’ici !